Le président de Djibouti visé par une plainte à Paris

Publié le par djibouti.biens.mal.acquis.over-blog.com

Son ex-mandataire financier, candidat à l’élection de mars 2011, l’accuse d’"extorsion", d’"acte de torture" et d’"assassinat".
  

C’est une action en justice qui sent la poudre. De celle dont la diplomatie se méfie car pas question d’insulter l’avenir. Charles Boreh, homme d’affaires et ressortissant franco-djiboutien, a déposé plainte contre l’actuel chef de l’Etat de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, ainsi que son épouse Odette Haïd. Enregistrée le 24 février 2010 devant le doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance (TGI) de Paris, celle-ci, rédigée par Me Olivier Morice et dont France-Soir détient une copie, vise nommément le couple présidentiel et "tous autres" pour "extorsion", "enlèvement et séquestration", "torture et acte de barbarie" et "assassinat". La justice française se voit en outre dans l’obligation de traiter ce brûlant dossier du fait de la double nationalité du plaignant. Une information judiciaire devrait être ouverte dans les prochains jours.


Officiellement candidat à la magistrature suprême en vue du scrutin de mars 2011, Charles Boreh, 50 ans, conteste au président Guelleh – dont il fut le mandataire financier – un troisième mandat, une hypothèse proscrite par la Constitution de Djibouti. "Il m’a dépossédé de tous mes biens. Ce gouvernement, responsable de la mort de plusieurs membres de ma famille, doit cesser tout harcèlement à mon encontre", affirme à France-Soir celui qui fut de 2000 à 2008 le plus grand employeur djiboutien, 4.000 salariés sur 500.000 habitants.

 

"Le meilleur des pires"


Ex-patron du port de Djibouti, Charles Boreh fut surtout le conseiller financier d’Ismaïl Omar Guelleh après avoir été son directeur de campagne, en 1999, lors de la première élection de ce dernier. "Mon client est le dépositaire de tous les petits et grands secrets du chef de l’Etat djiboutien", résume d’une cinglante litote Me Olivier Morice, l’avocat de celui qui rêve à l’onction suprême.


Djibouti comme Paris prennent, officieusement au moins, très au sérieux cette plainte susceptible de bouleverser la donne géopolitique alors que le clan au pouvoir négocie un rapprochement avec l’Iran. Le pays demeure un carrefour stratégique militaire que la France ne saurait négliger. Contacté, le Quai d’Orsay dit cependant n’avoir "aucun commentaire à faire".


Le divorce entre Charles Boreh et Ismaïl Omar Guelleh est consommé lorsque, voilà un an, le requérant se voit spolié de ses biens et traqué sans répit. Son neveu et l’un de ses cousins sont assassinés en guise d’avertissement. Aujourd’hui exilé à Dubaï, Charles Boreh réfute toute aventure personnelle, malgré une plainte valant presque passeport électoral. Pourquoi avoir soutenu celui qu’il honnit tant désormais ? "C’était, à l’époque, le meilleur des pires", concède-t-il, avec un soupir. Sa priorité ? "Fédérer l’opposition et restaurer la démocratie." Vaste programme !

 

Ismaïl Omar Guelleh
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